L’urgence de transformer la pêche : un enjeu pour l’environnement, la société et l’économie

La pêche exerce une pression majeure sur la biodiversité marine, faisant de la France, en tant que deuxième puissance maritime mondiale, un acteur essentiel avec ses 10 millions de km2 de surface maritime à gérer.

L’océan, en tant que régulateur principal du climat mondial, est d’une importance capitale pour l’équilibre environnemental de la planète.

En 2023, la température de l’océan a atteint des niveaux records, avec une multiplication par deux des canicules marines par rapport à il y a 50 ans.

La diminution de la teneur en oxygène et l’augmentation de l’acidité de l’océan sont des signes inquiétants des changements en cours.

Des chercheurs de l’Institut Agro, d’AgroParisTech, ainsi que des associations telles que The Shift Project et BLOOM ont entrepris un bilan inédit du secteur de la pêche métropolitaine.

Ce rapport analyse 70% de l’activité de pêche en France, en s’appuyant sur une approche similaire au « bilan carbone » pour évaluer l’impact environnemental et socio-économique, établissant ainsi un « bilan marin ».

Actuellement, plus d’un tiers des populations de poissons pêchées sont surexploitées, représentant trois fois plus qu’il y a 50 ans. On observe une chute de 90 à 99% dans l’abondance de certaines populations de poissons.

À l’échelle mondiale, l’industrie de la pêche bénéficie d’environ 35 milliards d’euros de subventions publiques chaque année.

Depuis les années 1950, le nombre d’emplois dans la pêche artisanale a été réduit de manière drastique, se divisant par cinq.

Il est également important de noter que l’océan joue un rôle crucial en absorbant environ un tiers de nos émissions de CO2 ainsi que 90% de l’excès de chaleur résultant des activités humaines.

En 2020, un rapport spécial de la Cour des comptes européenne a mis en lumière que les mesures prises par l’Union européenne n’ont pas réussi à restaurer un état écologique satisfaisant des mers.

Dans 59% des zones marines désignées comme « protégées » en Europe, la pression exercée par le chalutage de fond est plus élevée que dans les zones environnantes.

Seulement 0,1 % des eaux métropolitaines françaises sont strictement protégées. La France dispose d’une pêche diversifiée, comprenant à la fois une composante industrielle et une petite pêche côtière.

L’étude préconise de réduire progressivement l’utilisation du chalutage de fond dans la pêche, en faveur de méthodes plus respectueuses de l’environnement.

La pêche côtière, qui emploie des méthodes à faible impact, est considérée comme plus efficace sur la plupart des critères sociaux, économiques et écologiques.

L’objectif est de parvenir à une forme de pêche, appelée « pêchécologie« , qui vise à réduire au maximum les impacts sur le climat et la biodiversité, tout en favorisant la souveraineté alimentaire et la création d’emplois.

En 2024, la France accueillera le sommet de l’ONU sur l’océan, un événement crucial pour le futur de l’industrie de la pêche.