Vers une économie décarbonée : décryptage de la vision de Jean-Marc Jancovici

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Résumé : L’économie décarbonée selon Jean-Marc Jancovici

Jean-Marc Jancovici, en tant que président du Shift Project, un groupe de réflexion qui encourage la transition vers une économie moins dépendante des émissions de carbone, analyse en détail ce que cela implique concrètement et explique les étapes pour y parvenir.

Il remet en question l’efficacité de la notion de « croissance verte » et préconise une approche plus sobre dans notre manière de concevoir l’économie.

Ses préoccupations concernent notamment les répercussions potentielles sur l’emploi, la démocratie et la réduction des inégalités, et il soutient la nécessité de prendre des décisions rapides et planifiées pour atténuer ces effets.

JM Jancovici

Qu’est-ce qu’une économie décarbonée et quels sont les enjeux ?

Selon Jean-Marc Jancovici, une économie décarbonée se traduit essentiellement par une économie plus restreinte, où la production de biens devient plus ardue et plus coûteuse. Cela implique une réduction de l’offre de produits et de services, entraînant ainsi une décélération économique. De plus, cela remet en question la configuration même de nos zones et de notre mode de vie. Cette modération s’accompagne d’un changement dans le type d’emplois disponibles, avec moins de demandes dans les services et une probable augmentation des emplois liés à la production de biens et de services essentiels.

Ces idées sont tirées d’une conférence de M. Jancovici en février 2024, dont un résumé complet est disponible sur Youmatter.

La croissance verte est-elle possible ?

M. Jancovici rejette l’idée de « croissance verte », qui suppose que la croissance économique et la réduction des émissions de carbone peuvent coexister harmonieusement. Selon lui, cette notion est « physiquement impossible » en raison de la manière dont notre économie utilise les ressources naturelles pour fabriquer des biens.

À mesure que nous favorisons la croissance économique, nous aggravons les dommages environnementaux, tels que :

  • la pollution,
  • les émissions de gaz à effet de serre,
  • et la perte de biodiversité.

Il soutient donc que notre seule option est d’accepter une réduction de notre production économique.

Comment réaliser des économies ?

Dans un système économique où les ressources physiques sont limitées, M. Jancovici suggère d’utiliser trois moyens pour économiser l’énergie ou les ressources :

  • améliorer l’efficacité énergétique,
  • adopter une attitude plus sobre
  • et, dans une certaine mesure, réduire notre niveau de consommation.

Il souligne les conséquences préjudiciables des restrictions imposées et préconise une approche plus proactive et planifiée de la réduction de l’activité économique.

Exemple : diminuer l’usage des combustibles fossiles dans les voitures

M. Jancovici illustre son point de vue en prenant l’exemple des carburants utilisés dans les voitures. Il explique que sans initiatives volontaires pour encourager la sobriété (par exemple, en réduisant la taille des voitures) ou pour accroître l’efficacité (en consommant moins de carburant pour parcourir la même distance), de plus en plus de personnes pourraient se retrouver dans l’incapacité financière de conduire.

Cette situation pourrait conduire soit à une augmentation des prix de l’essence, soit à une augmentation des manifestations et des contestations.

Quel rôle jouent les entreprises dans une économie décarbonée ?

Selon M. Jancovici, il ne suffit pas de laisser aux entreprises la responsabilité du passage à une économie décarbonée. Bien que certaines entreprises puissent avoir des motivations autres que la simple croissance économique, les grandes entreprises ne vont pas naturellement à l’encontre de leur objectif principal de rentabilité. Il souligne ainsi la nécessité d’une action décisive de la part du secteur public pour guider et appuyer cette transition.

Les bénéfices de l’action anticipée

En conclusion, selon l’ingénieur français, une transition écologique réussie nécessite une planification et une action volontaires et réfléchies. Plus tôt les entreprises et le grand public s’engageront dans cette voie, mieux se déroulera cette transformation pour l’ensemble de la société.